Je me permets de vous contacter après avoir entendu votre nom cité aux informations.

Je me joins aux trop nombreuses victimes de ces micro-doses de mort légales que l'on nomme pilule !

Je m'excuse d'avance pour mon style d’écriture, le brouillon de mes pensées couchées sur papier et surtout pour mon roman fleuve mais je veux être bien sûre de tout vous expliquer, sans oublier aucun détail important (sachant qu’il est toujours, pour moi, très douloureux et délicat d’en parler aujourd’hui, car cela ravive plein de sentiments, de souvenirs, de sensations et même d’odeurs…) :

En effet, j'ai 26 ans cette année mais ma vie a malheureusement bien failli me glisser entre les doigts à cause de la pilule Jasmine des Laboratoires BRAYER.

Ma mémoire (notamment des dates) n'est plus ce qu'elle était autrefois à cause de ma Thromboembolie Cérébrale mais je vais faire mon possible pour retracer (avec l'aide de mes proches) mon parcours.

Mon histoire est celle-ci :
Faute de contraception, et alors âgée de 18 ans, je suis tombée enceinte de mon fils Matteu, et la phrase du gynécologue lors de ma 1ère visite prénatale a été "ben alors, tu ne prenais pas de moyen de contraception ? La pilule, c'est pour éviter ça qu'on la donne à ton âge !!" Mais non, mon mari actuel était également mon premier petit copain et le père de Matteu, et même si nous étions jeunes et que nous ne pensions pas avoir d'enfant si tôt nous avons accueilli la nouvelle avec beaucoup de joie.

Le 09 décembre 2005, alors âgée de 19 ans, j'ai donné naissance à mon fils Matteu par césarienne.
Un mois après sa naissance, lors de ma visite de contrôle avec mon gynécologue, celui-ci m'a proposé de prendre la pilule afin d'éviter une autre grossesse jugée catastrophique si trop proche de ma césarienne.

J'ai donc commencé à prendre ma pilule à ce moment-là.
Il me faudra faire des recherches pour retrouver le nom de cette première pilule, car je ne m'en souviens pas.
En revanche ce que je sais c'est qu'après quelques mois de prise, j'ai également pris beaucoup de kilos et mes seins étaient douloureux ; je suis donc allée voir une gynécologue (autre que celui qui m'avait accouché de Matteu) qui, après m'avoir précisé que les symptômes précités n'étaient que des effets secondaires répandus et sans gravité, m'a prescrit la pilule "Jasmine" je site : "Utilisée aux USA chez les patientes présentant des problèmes de poids. Jasmine étant une pilule ne faisant pas grossir et aidant même à la perte de poids !".
Pas de risque de Bébé et des kilos qui s'envolent : du bonheur en pilule, du moins je le croyais !

Je ne me parviens pas à savoir combien de temps j'ai pris cette pilule, je pense qu'il faudrait que je me renseigne pour savoir si je peux obtenir plus d'informations auprès de la CPAM de XXX.

Quoi qu'il en soit, un jour, moins d'un an après avoir avalé ma première pilule, j'ai réalisé que j'avais de plus en plus de maux de tête, de plus en plus de vertiges également, ainsi que des nausées et de fortes douleurs dans les seins…
Inquiète, j'ai pris rendez-vous en urgence avec la gynécologue.
Lors du rendez-vous, si je me souviens bien c'était un lundi, après avoir passé tout un WE malade et anxieuse, je lui ai exposé mes craintes : j'avais lu sur la notice les risques emboliques de la pilule, et j'avais également lu sur internet que les symptômes que je présentais pouvais être liés à la prise de la pilule…
Après m'avoir auscultée, et décelé une tension mammaire sans gravité, elle m'a répondu  agacée : "Tu n'as rien ! Arrête avec internet !! C'est ça le problème avec vous les jeunes, vous croyez tout ce qui se trouve sur internet ! Mais ceux qui postent ne sont pas médecins ! Continu de prendre ta pilule !"
Je lui ai demandé plusieurs fois de répéter que c'était sans risques, elle me l'a affirmé !

Les jours passaient et mon état empirait :
J'avais du mal à dormir à cause de mes maux de tête,
Puis, du mal à manger, je vomissais tout,
Ensuite, j'avais du mal à boire, je vomissais même l'eau,
Et aussi du mal à tourner la tête et à tenir debout…

Je ne parviens même pas à me souvenir de m'être occupée de mon fils les jours précédents ce que j'appellerais mon blackout (certain de mes souvenirs sont tout noirs, je ne me l’explique pas).
Ma belle-mère s'est rendue disponible pour s'occuper de lui.

La veille de mon hospitalisation, je me suis rendue chez mon généraliste, vomissant de la bile comme à l'accoutumée ces derniers jours, il n'est pas parvenu à expliquer mon état pitoyable "tu es trop jeune pour avoir ce qui me vient à l'esprit, je ne comprends pas" m'a-t-il dit !
Je lui ai demandé "Est-ce grave ?"
Il m'a dit "Je ne peux pas me prononcer ! Prends ces médicaments dès maintenant, ils sont beaucoup plus dosés que les Efferalgan et si tu présentes toujours des maux de têtes demain : direction les urgences de l'hôpital !! Tu donneras cette ordonnance pour passer un scanner injecté en urgence !"

L'après-midi, sur le canapé, j'ai vomis l'eau, les médicaments ; puis le soir venu je ne parvenais plus à me lever, ni même à me redresser, je ne pouvais rester allongée que d'un côté car mon cou était bloqué, j'avais du mal à entendre, et même parler : j'étais en dehors de moi-même !

Et dans la nuit mes maux de tête que je pensais insoutenable sont devenus avec la fatigue, la faim, la soif, encore plus virulents, encore plus insoutenables…
Je ne pouvais plus ouvrir les yeux, ni respirer, le fait simplement de vivre me faisait mal :
Jusqu'à dire "Je me sens mourir ! Par pitié !"

Et là, nous sommes partis aux urgences, en pleine nuit.

J'ai oublié beaucoup de choses, mais je me souviens du visage de l'infirmière de l'hôpital : elle avait croisé un fantôme ! Ça m'a fait peur, j’étais confrontée à mon devenir.
J'essayais de penser à mon fils, mais même mon esprit ne m'appartenait plus.
Seulement la douleur existait : j'allais mourir, je le pensais, j'en étais sûre !!!!
On ne pouvait pas souffrir autant et en sortir vivante…

J'ai d'abord été placé en médecine générale puis transférée immédiatement après le verdict sans appel en direction de la réanimation : Thromboembolie Cérébrale, l'explication simplifiée m'étant donnée comme artère du cerveau bouchée, et chance insolente d'être encore en vie après mon parcours !
Car j'ai avalé ma pilule sans eau, jusqu'au bout… Ma dernière petite dose de mort !

Ma mère et mon homme étaient présents à mes côtés, tout le temps, mais impuissants !
Je voyais bien qu'ils avaient peur de passer à côté du moment où ils me diraient adieu… Chaque matin et chaque soir, Ils tremblaient et avaient les larmes aux yeux quand l'heure des visites était passée… ils ne voulaient pas partir pour la dernière fois ! Et je ne voulais pas qu'ils partent : eux, mon seul réconfort face à ma détresse !!

Car même de ça, du doux réconfort de ma famille, de ceux qui me donnaient la force de continuer à me battre et à lutter, même de ça, j'ai été privée ! Seule dans une chambre, droguée à l'Atarax et à moitié consciente à longueur de temps, pensant aux personnes que j’aimais et que je risquais de ne jamais revoir (mon fils, mon homme, ma mère, mon père, mes grands-parents)… est-ce que je leur avais dit que je les aimais ? Oui, mais pas à tous, et je n’avais même pas de téléphone pour les joindre ! Est-ce que je les reverrais ? C’était si mal parti… Comment vivraient-ils tous ma mort ? Certains passeraient surement vite à autre chose, mais qui ? Allait-on me pleurer ?  Mon fils aurait-il une autre mère ?   Tant de questions liées au simple fait d’être seule, sans droit à aucun loisir, même pas celui de dormir en rêvant un peu à eux… Et je n’avais même pas pensé à prendre une assurance vie, je partais sans même les mettre à l’abri ! J’avais honte !!! Je culpabilisais, pourquoi j’avais pris la pilule, mais pourquoi !!! Je m’étais donné la mort un peu plus chaque jour, j’étais responsable de ce qui m’arrivait !

Je passais mon temps à pleurer, car les médecins n'étaient pas optimistes et je le ressentais bien ! Branchée à des machines, sous anticoagulant Héparine en continu et sous perfusion, je n'avais ni radio, ni téléphone, ni télévision : aucun exutoire et aucun réconfort hors des horaires de visites !

J'ai également souffert lors de mon séjour à l'hôpital de mauvais traitement, j'ai connu le fait de rester dans mon urine jusqu'aux heures de visites, ma mère me changeait et me nettoyait : car je ne pouvais ni me lever, ni me tourner, ni même bouger la tête (tout m'était interdit sous peine de mort) !
Je sonnais pour appeler quand l’envie se faisait trop pressente, mais personne, non personne ne venait ! Seule ma mère me mettait le bassin…
J'ai également dû faire face au fait de se retrouver complètement nue au moment des toilettes face à des personnes qui m'ignoraient et parlaient de leur vie en me traitant comme un vulgaire corps sans vie ni sentiments (les gens entraient et sortaient sans se soucier de ma pudeur) !
Mes seringues d’Héparine étaient changées régulièrement, puis une erreur à rallonger mon séjour en réanimation de plusieurs jour : une élève infirmière, sans qualification aucune, a changé ma seringue mais l’a mal enclenchée me faisant louper une journée de traitement ; j’ai été la seule à me rendre compte de son erreur : entendant quelqu’un marcher comme dans une flaque en passant j’ai demandé « c’est normal ce bruit, que se passe-t-il ? » j’ai juste entendu « merde ! Elle l’avait pas bien calée, tout est par terre ! Préviens le médecin, faut refaire une prise de sang et redoser ! »
Une nuit, un infirmier (il s'appelait Manu, comme moi) n'avait pas envie de s'embêter à chercher une veine, il m'a donc fait ma prise de sang dans l'artère du poignet gauche (j'avais un énorme pansement pour contenir le risque hémorragique), le chef de service, lorsqu'il est passé m'a demandé quel était ce pansement et qui était le fou qui s'était permis de piquer dans une artère une patiente sous anticoagulants : je lui ai dit et l'ai vu filé dans les couloirs en hurlant que j'aurais pu mourir d'une hémorragie dans la nuit, que cette prise de sang dans l'artère était une faute professionnelle car seul un chirurgien était habilité à la pratiquée…
Le lendemain un médecin, je ne sais plus son nom, juste qu'il était Africain, m'a posé une voie centrale à vif, dans le poignet droit, sans anesthésie locale, donnant l'ordre au personnel soignant présent de me tenir afin que je ne bouge pas trop : j'étais bien consciente lorsqu'il a incisé puis planté son cathéter et qu'il a posé ses points ; tout ça car j'étais à ses dires "trop difficile à piquer" (plusieurs prises de sang par jour, mes veines éclatées, j'étais couverte d'hématomes ! On m'a piquée jusque sur les pieds en plus des mains, des bras, des pliures des coudes, de l'aine plusieurs fois et des poignets ! Mes veines résistaient mal aux traitements de choc !) A ce moment-là, lors de cette pose de cathéter, m'a pression a tellement grimpé sous l'effet de la douleur que les appareils sonnés, je ne parvenais même pas à crier malgré que les infirmières et aides-soignantes présentes me supplie de le faire pour évacuer la tension…
Elles lui criaient "elle va mourir !! Vous allez la tuer ! Vous êtes malade de lui faire ça à vif, c'est douloureux, vous auriez pu lui faire une anesthésie locale" une fois fini il a dit "ben voilà, elle a survécu !" puis il est parti !
Elles l'ont traité de boucher et m'ont dit qu'à ma place elles porteraient plainte… Qu’il était habitué à travailler sur des comateux et qu’ils se plaignent forcément beaucoup moins que des personnes bien conscientes…
Il m'avait fait mal, mal à frôler d'un peu plus prêt encore la mort : mais j'avais survécu !

J'étais une passoire humaine, endolorie, fatiguée, épuisée, démolie : mais peu m'importait toutes ces souffrances, toutes ces humiliations aussi décadentes soient-elles, tant que je gardais l'espoir que je souffrais pour vivre !
Au bout de 5 jours je quittais enfin cet enfer ! Je retrouvais une chambre dans un autre étage où je suppliais mon homme de ne plus me laisser seul ; il passait jusqu’à ses nuits avec moi, dormant par terre !
Pour ce qui est des suites et des séquelles de ce cauchemar éveillé :
– Je suis restée sous anticoagulants durant 6 mois (j’avais tellement perdu confiance en l’espèce humaine que je me faisais mes injections de Lovenox toute seule).
– J’ai perdu l’ouïe de l’oreille droite durant plusieurs semaines.
– Je ne pouvais plus marcher seule non plus, je n’avais plus d’équilibre (encore aujourd’hui).
– J’ai des maux de tête très régulièrement.
– Ma main droite se bloque souvent de façon douloureuse, je dois alors « débloquer mes doigts » à l’aide de ma main gauche, c’est tout mon côté droit qui me pose problème.
– Ma mémoire me joue de mauvais tours concernant cette époque, tout se brouille et se mélange, mais heureusement, chaque jour je racontais mes déboires à mes proches qui, eux, ne les ont pas oubliés ! J’ai beaucoup de mal avec les dates notamment, ou les noms des médicaments, ou des médecins, qui j’ai vu ou pas, quelles ont été les suites… et ce depuis cet évènement.
– Par-dessus tout : J’ai une peur panique et viscérale d’être à nouveau face à ce genre d’évènement douloureux !

Je n’ai pas porté plus hauts mes déboires avec l’Hôpital, ni la cause de toutes mes souffrances « la pilule », souhaitant juste oublier et laisser la possibilité à ma vie, notre vie à mon mari, mon fils et moi de continuer, j’ai tenté de tout oublié, persuadée que si je ne me retournais pas, mon passé douloureux s’effacerait…
Aujourd’hui, je suis intimement convaincue que rien n’effacera jamais ces évènements malheureux, ni même ma souffrance toujours présente !

Car oui, ma vie a continuée :
Je suis tombée enceinte de mon 2e fils et en août 2011, alors que la date du terme était dépassée, une hospitalisation m’a été conseillée par la sage-femme, mais mon mari ne pouvait pas rester avec moi le soir ; j’ai tellement paniqué, et pleuré, de façon totalement irrationnelle, que la sage-femme m’a fait signer une décharge pour que je puisse rentrer chez moi, en s’excusant de m’avoir mise dans cet état.
Puis entre le 26 et le 29 août 2011, après avoir accouché j’ai fait une crise d’angoisse, l’impression que mes membres étaient engourdis, que j’allais atterrir en réanimation, encore, que j’allais rester coincer ici, seule… Je pleurais !!! Mon cœur était serré et j’avais du mal à parler… On m’a donné un calmant pour que je dorme… Notant sur mon dossier une crise d’angoisse et une peur panique des hôpitaux !
C’est donc avéré : je suis devenue neusocoméphobe, j’ai une peur panique d’être confrontée à nouveau au fait d’être hospitalisée.
J’ai également la sensation que tout recommence quand mes maux de tête perdurent plusieurs jours, ou que j’ai un torticolis ; je m’en rends malade, avec des maux de ventres terribles, craignant de devoir revivre ça. Je me sens ridiculement hypocondriaque.

Pour finir, il n’y a aucun moyen d’affirmer qu’un AVC est lié à la pilule, si ce n’est que par déduction, après avoir tout écarté, il ne reste plus que la pilule comme cause ! Je sais que même mon sang a été examiné afin de chercher une maladie ou une prédisposition à l’épaississement sanguin : tous les résultats négatifs de ces examens dirigeaient en finalité l’accusation vers la pilule, jugée seule responsable. (Une demande de dossier médical auprès de l’Hôpital de XXX est en cours)

Depuis quelques semaines je vois passer aux informations des personnes poursuivants la société BRAYER pour les séquelles que la pilule a laissé gravées sur leurs vies, mais malgré les années passées, je ne m’en sentais pas le courage…
Mais après toutes les traces que mon AVC a laissé sur ma vie et sur mon psychologique : je ne vois pas pourquoi je ne ferais pas en sorte d’obtenir réparation, car aujourd’hui j’en ai assez d’avoir gardé toute cette souffrance pour moi, j’en ai assez d’avoir la gorges qui se serre et de sentir cette angoisse qui vient de mes tripes à chaque fois que je parle de ce vécu !

J’aurais dû être protégée, couverte par la médecine en laquelle j’avais toute confiance !

Un cas par cas, où chaque risque est expliqué et mis face à la patiente, devrait exister pour que personne d’autre n’ai à vivre ça !!!

C’est pourquoi je souhaiterais obtenir réparation, pour moi, mais aussi pour ma famille, pour mon fils qui a été privé de sa mère, pour ces angoisses que je n’ai que trop longtemps cherché à faire taire, ainsi que pour les séquelles que j'ai gardé de cet incident et pour ce vécu cauchemardes que je n'aurais jamais connu sans prise de pilules !