Bonjour je viens tout juste de découvrir votre association et je souhaiterai témoigner car moi j’ai été victime d’une embolie pulmonaire en 2015. J’ai longtemps hésité avant de prendre l’initiative de partager cette très mauvaise expérience mais maintenant, je ressens le besoin d’en parler afin d’ajouter un peu de poids à votre combat.

Je m’appelle Anne-Sophie, j’ai aujourd’hui 21 ans. Je prenais la pilule depuis mes 15 ans dont le but principal était de traiter un problème de kystes ovariens. On m’a prescrit dans un premier temps une pilule micro dosée portant le nom « Leeloo », je n’ai pas pu la prendre longtemps car elle me rendait très malade (problèmes intestinaux, nausées, prise de poids conséquente…).
Lors d’une consultation gynécologique, on m’a alors prescrit une pilule de 4eme génération portant le nom de YAZ. Celle-ci était censée être une révolution concernant mes problèmes et peu chargée d’effets secondaires contrairement à ses collègues les pilules de 2eme et de 3eme générations. J’étais jeune et les scandales liés aux pilules m’étaient encore inconnu, on m’a assuré que je n’aurai pas de problème avec celle-ci. Les années passent, je continue de prendre ma pilule tous les jours sans interruption comprenant les cachets actifs, des cachets placebo.
L’été 2013, je commence à prendre conscience qu’il a un problème avec certaines pilule, la Diane 35 en est la principale concernée, mais pas la mienne; elle n’est même pas de la même génération. J’emmenage avec mon ami et le stress n’aidant pas je fume par moment quelques cigarettes, jusqu’à 5 par jour, ce qui ne fait pas de moi une grande fumeuse comme l’atteste mon médecin généraliste.
L’été 2015, nous emmenageons dans une nouvelle ville. Je commence à avoir quelques douleurs au niveau de la cage thoracique du côté droit. Je ne m’inquiète pas, j’ai essuyé un déménagement et j’ai parfois des problèmes relevant de l’ostéopathie. Les douleurs deviennent de plus en plus gênantes. Un soir, le paracétamol ne suffit plus, la douleur devient constante. Nous appelons le samu, je suis pliée en deux, je hurle j’ai l’impression qu’on m’assene de coups de couteau dans le dos, la douleur s’est propagée dans le dos.
Nous habitons à côté de l’hôpital, le médecin du samu que nous avons au téléphone refuse de nous envoyer une ambulance, pourtant je ne peux pas bouger d’un pouce, je hurle de douleur et il y a du chemin à pieds jusqu’aux urgences.
Le médecin de garde se déplace, essai de me faire bouger mais impossible, il soupçonne des calculs renaux, m’injecte une dose de morphine tant la douleur est insupportable. On me brancarde jusqu’à l’hôpital. Nous sommes arrivés à 5h du matin et nous passerons la journée à l’hôpital au service des urgences jusqu’à 20h30. Je n’ai pas eu le droit de boire de la journée ni même de m’alimenter et je n’ai pas perfusion. J’ai passé de nombreux examens, dont un scanner. Malheureusement, on m’a refusé de prendre le produit de contraste malgré que je n’y suis pas allergique, ils ont probablement pas confiance en mes propos, je sais pourtant que je ne suis pas allergique à l’iode. Les analyses ne révèlent rien, pas même le scanner.
Le diagnostique est rendu, je souffre soit disant de problèmes liés aux menstruations. Je ne me suis plainte à aucun moment de douleurs de regles, pourtant on essaie de me convaincre que je n’ai rien et que mes douleurs ne sont pas grave. Je repars avec donc avec du Spasfon et la sensation d’avoir vécu un délire.
La semaine passe, j’ai pourtant toujours mal, mais pas de crise. Je suis allée dimanche soir aux urgences, nous sommes jeudi et je me sens très mal. Je commence à avoir des pics de douleur au niveau des côtes, puis dans le dos. Même scénario, j’ai l’impression de vivre un enfer la douleur est insupportable, je hurle.
Nous rappelons les urgences, nous insistons pour avoir droit à une ambulance, cette fois-ci je n’ai pas de morphine, on préfère aller directement aux urgences avec la douleur. Même scénario, sauf que cette fois-ci on me mets sous Valium. Je souffre toujours le martyre,  mais je suis trop shootée pour me plaindre. C’est une sensation vraiment horrible. Les prises de sang sont faites, je ne repasse pas de scanner, on attends juste que je me calme aux urgences dans le but de me renvoyer chez moi. Ma tante à fait le trajet et exige de voir les résultats sanguins. L’hôpital refuse à demi-mot elle doit insister pour se faire entendre. Elle remarque que je suis à 41 de CRP. Je ne savais pas ce que cela signifiait. Le médecin des urgences me demande de quitter les lieux lorsque je suis en mesure de me lever. Je lui explique que je suis incapable de bouger, il ne me croit pas, me demande de lui tenir les mains et me tire vers lui pour me mettre sur mes jambes. Je hurle de douleur, il est surpris et pense que c’est de la comédie. Ma tante exige une hospitalisation avec l’aide de mon ami. On m’assure qu’il n’y a pas de place, alors je finis au service orthopédique. On me donne des cachets d’Xprim (paracétamol et faible pourcentage de morphine) car la douleur est constante. Je passe ma première nuit à l’hôpital sans aucun diagnostique.
Le matin je me réveille, je me mets à cracher du sang. L’infirmière me dit que c’est normal, je crois être dans un rêve. Le médecin du service passe enfin me voir, je lui explique la situation. Il s’affole, j’ai l’impression que je commence à être prise au sérieux. Ma matinée est rythmée par des examens multiples. Je repasse enfin un scanner avec produit de contraste. Le verdict tombe en fin d’apres-midi. Je souffre d’une pneumotapie. Je reste alors la nuit. Je prends ma pilule avant de m’endormir à l’hôpital car je suis censée la prendre quoi qu’il se passe comme il note sur le mode d’emploi. Je prends également le cachet d’Xprim car je souffre toujours, ainsi qu’un antibiotique.
Le lendemain, on me prescrit une analyse  sanguine. Une fois que les résultats tombent, j’ai la visite du spécialiste du service de pneumologie ou je suis, le Docteur Levrat à la Rochelle, qui m’annonce qu’elle voit dans mes analyses sanguines que je prends la pilule. Je ne suis pas étonnée, je la prends en en ayant conscience. Elle m’alerte tout de suite et m’annonce que je dois l’arrêter immédiatement. J’ai également l’interdiction de marcher jusqu’à nouvel ordre. Je ne comprends rien, je m’exécute. J’apprends dans la même foulée qu’on ne sait pas quand est-ce que je pourrai quitter l’hôpital. On ne me dit pas ce que j’ai, je sais que je dois prendre un cachet.
Ce n’est que le lendemain que le médecin prends son courage à deux mains et m’annonce que je souffre d’une embolie pulmonaire mais que j’ai énormément de chance, car je n’ai pas fais de phlébite. Plus tard les résultats n’annonceront pas que j’ai une mutation génétique mais on m’explique que je n’ai pas eu de chance, qu’ils ne comprennent pas mon cas, que j’avais une chance très infime de contracter ceci dans ces conditions. On m’interdit de reprendre la pilule sous aucun prétexte, on demande de réfléchir à une nouvelle contraception mais ils m’expliquent que c’est le tabac la cause de tout ça.
Je ne comprends pas ce qui s’est passé, je n’ai à ce jour pas plus d’explications, eux non plus. Quant aux urgences, je n’aurai pas d’excuses concernant le fait de ne pas avoir été prise au sérieux, que les examens n’ont pas été réalisés dans les règles et que les analyses sanguines n’aient pas été prise en considération ne serait-ce que pour la pneumopathie. Je ne suis pas prête d’oublier cette expérience traumatisante. Depuis ce jour, j’ai peur de prendre des médicaments, je refuse presque tout traitements. J’ai eu des problèmes de thyroïde après mon hospitalisation du au stress, j’ai pourtant mis 3 mois à pouvoir avaler un cachet sans appréhension. J’ai été 1 an sous anticoagulant, aujourd’hui cela fait 6 mois que je l’ai arrêté. Je ne peux toujours pas avaler un médicament (même un paracétamol) sans avoir la boule au ventre, sans m’inquieter de savoir si cela va me faire plus de bien que de mal. Cela paraît bête mais je n’y arrive pas et je n’arrive pas à tourner la page.

C’est peut-être long, je vous laisse le soin de prendre ce qui vous intéresse et vous apporte tout mon soutien. J’ai une immense pensée pour toutes ces femmes qui, malheureusement, n’ont pas eu autant de chance. J’en ai bel et bien conscience. Vous faites un travail formidable, j’espère qu’il y aura une justice d’établie pour toutes ces femmes victimes d’AVC, d’embolie pulmonaire ou tout autre probleme liés à la prise de la pilule, qui est à mon sens quelque chose de très dangereux après avoir vecu un épisode tel que celui-ci.

Je vous remercie de l’attention portée à ce présent mail et vous prie d’agréer mes sentiments les plus sincères et respectueux.