Madame, Monsieur,

En tant que Président de l’association des Victimes d’Embolies Pulmonaires et des AVC causés par les produits contraceptifs hormonaux, je tiens à réagir sur l’article (Les IVG repartent à la hausse) de Claudine Proust, présent le site du Parisien depuis le 1 août 2014, 17h23, avec l’introduction : "Après dix ans de stabilité, les premiers chiffres de 2013 montrent une augmentation de près de 5 % du nombre d'avortements. Sans doute une conséquence du scandale des pilules de 3e et 4e générations".

Cette journaliste induit que le «scandale des pilules 3ème et 4ème génération » serait la cause de cette augmentation. Nous ne pouvons pas laisser passer cette information sans réagir en ce qui concerne les contrevérités énoncées par Mr Nisand et Mr HEDON qui auraient un conflit d’intérêt avec les laboratoires pharmaceutiques (cf. Le Monde du 10/01/2013 rappelant les liens étroit du Pr NISAND avec les Laboratoires Effik par exemple). Cet article en ne précisant pas cet état de fait est coupable d’un manquement à l’application de l’article 26, codifié à l’article L 4113-13 du code de la santé publique : « Les membres des professions médicales qui ont des liens avec des entreprises et établissements produisant ou exploitant des produits de santé ou des organismes de conseil intervenant sur ces produits sont tenus de les faire connaître au public lorsqu'ils s'expriment lors d'une manifestation publique ou dans la presse écrite ou audiovisuelle sur de tels produits. » En omettant délibérément ces informations, la journaliste induit en erreur le lecteur.

Or le sujet présent est trop grave pour qu’il soit traité avec légèreté, il est indispensable de faire preuve de transparence et d’objectivité. Lorsqu'on évoque les chiffres stables depuis dix ans, il est intéressant de les présenter

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

216 436

221 587

219 422

228 912

227 104

222 805

222 856

226 502

222 756

222 000

217 000

Selon cet article, le scandale des pilules de 3° et 4° générations serait responsable de l’augmentation des IVG au cours de l’année 2013, or, le tableau ci-dessus démontre que cette augmentation est imaginaire. Plusieurs articles contredisent ces dires et notamment le journal du « Quotidien du Médecin » qui précise dans son article du 21/06/2013 : « Selon le dernier bilan publié par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), le nombre d’avortements est resté stable en France en 2011, la part des IVG médicamenteuses continuant d’augmenter. « D’après les données provisoires, les IVG n’ont pas augmenté non plus au cours des derniers mois de 2012 », précise la DREES. Le déremboursement des pilules de 3e et 4e génération en septembre a été annoncé en septembre 2012. Le nombre d’interruptions volontaires de grossesse (IVG) a légèrement augmenté entre le milieu des années 1990 et 2006, pour se stabiliser ensuite. En 2011, 222 500 IVG ont été réalisés en France dont 13 200 outre-mer. Le taux moyen de recours à l’IVG en France est de 15,1 pour 1 000 femmes de 15 à 49 ans. Ce taux est plus élevé chez les femmes de 20 à 24 ans (27 sur 1 000 en métropole et 50 sur 1 000 en outre-mer) et est en légère baisse chez les plus jeunes (14 sur 1 000 pour les moins de 20 ans). »

Plus récemment vous retrouverez dans plusieurs articles sur Internet, les mêmes affirmations, ces journalistes seraient-ils moins bien informés que Madame Claudine Proust? On constate donc une baisse de 3% du nombre d’IVG en 2013 et non une augmentation de 5% comme elle semble le prétendre. Ceci est encore inférieur de 10% à la période stable évoquée en introduction. Où est donc la vague ?

Pour rappel, en 2006, 2007 et 2010 il n’y avait pas de polémique autour des pilules de 3e et 4e générations et on recensait 228 000, 227 000 et 226 000 IVG mais pas d’affolement de Mr Nisand ni de Mr Hedon cela n’est il pas curieux ? Claudine Proust souligne la déclaration du Dr Hedon qui précise : « une grossesse non désirée sera toujours plus risquée que n’importe quelle pilule » : Cependant, dans les chiffres, le risque thromboembolique moyen d’une grossesse est égal à 6 cas pour 10 000 grossesses, soit pour 800 000 grossesses : 480 cas. Je signale également que ces deux Grands Gynécologues font l’impasse sur deux informations particulièrement importantes concernant les risques thromboemboliques lors de la grossesse et post partum :

1) Le non dépistage d’hypercoagulabilité alors que dans 50% des cas de thromboses veineuses les personnes sont porteuses de mutations d’hypercoagulabilité. Alors que le dépistage des mutations d’hypercoagulabilité est remboursé depuis Juillet 2013 (grâce à notre association), pourquoi ces Grands Gynécologues, ne soulignent jamais l’importance de ce dépistage dans la prescription des contraceptifs hormonaux ?

2) La prescription de la pilule aux femmes dès la sortie de la maternité par ces mêmes gynécologues alors que les risques sont connus pour être exponentiels pendant cette période. Auraient-ils oublié le principe de précaution, pourtant évoqué dans le Serment d’Hippocrate ?

Si le risque Thromboembolique lors de la Grossesse est de 6 pour 10 000, en ce qui concerne les Pilules contraceptives de 4° et 3° Génération, ce chiffre est multiplié par deux. Ainsi, on retrouve 12 cas pour 10 000 femmes sans sur risque (hypercoagulabilité, autres pathologies…) soit pour 3 millions de femmes utilisatrices des contraceptifs de 3° et 4° Générations : 3 600 cas par an. Peut-on vraiment dire dans ce cadre que la Grossesse est plus à risque que la Pilule ? Ajoutons que pour les femmes porteuses de mutations d’hypercoagulabilité soit une femme sur 10, le risque thromboembolique est de 80 à 250 cas pour 10 000 femmes en fonction du nombre de mutation. En France, 700 000 femmes sont porteuses de ces mutations génétiques, les risques thromboemboliques pour ces femmes seraient de 5 600 à 7 000 cas par an.

A noter, que le sur-risque de la première année d’utilisation des contraceptifs hormonaux n’est dans la plupart des cas pas ou peu explicité aux utilisatrices. Pourtant c’est au cours de cette année que le risque thromboembolique est le plus élevé car multiplié par 20 à 40 en fonction de la génération utilisée. A contrario, le taux d’accident connu lors de la pratique des IVG est de 2 cas pour 225 000.

Dans cet article, Mr Nizand dit « On a joué un très mauvais tour aux femmes avec cette affaire. Gérée avec une grande maladresse politique, elle s'est même soldée par un camouflet de l'Europe qui a obligé la France — qui l'avait retirée — à remettre la pilule Diane 35 sur le marché. » Nous répondons : Oui Mr Nizand vous avez joué un très mauvais tour aux femmes depuis 50 ans en pratiquant la rétention d’information sur les risques liés à l’utilisation de la pilule contraceptive. Mr Nizand n’a pas bien lu les directives de l’EMA qui, justement, confirme que DIANE 35 ne doit pas être utilisée en tant que contraceptif du fait de sa dangerosité.

Monsieur Nizand ajoute : « Quand on met la contraception en rideau, il ne faut pas s'étonner de voir les IVG augmenter ! ». Pour Mr Nizand, nous constatons que pilule = contraception, et c’est bien le sujet de cette crise : apparemment, les gynécologues les plus réputés comme le Dr Nisand ou le Dr Hédon ne connaissent comme moyen de contraception que la pilule, et ne veulent pas proposer autre chose aux femmes, alors que c’est le moyen de contraception qui se révèle le plus dangereux pour la santé des femmes, en comparaison avec le DIU au cuivre, par exemple. A propos de cette augmentation du nombre d’IVG, votre journaliste n’a pas envisagé une autre explication, qui pourtant lui aurait été proposée si elle avait aussi enquêté auprès des organismes de santé publique : d’après les estimations du MFPF, sur « 30% des grossesses non prévues (soit 350 000 à 400 000) chaque année, la moitié fait l’objet d’une IVG». Les pouvoirs publiques s’appliquent à aider les femmes qui le souhaitent à bénéficier d’une IVG : c’est donc à regarder comme un élément positif, car le bon indicateur finalement, comme l’indique Philippe Faucher, ce n’est pas le nombre d’IVG, mais la réponse adéquate à la demande des femmes : une contraception sûre, et en cas d’échec, un accès à l’IVG.

Ces « éminents scientifiques » ne tiennent même pas compte de l’augmentation de la population féminine qui est de 400 000 par an ce qui peut aussi impliquer une augmentation des IVG. Les difficultés qu’ont le Dr Hedon et le Dr Nizand à remettre en cause une politique de contraception centrée sur la pilule et notamment celles de 3° et 4° Génération en refusant de prendre en compte les données scientifiques nous semble surprenante. Quel est donc leur intérêt à promouvoir absolument des produits plus dangereux et sans valeur ajoutée pour les femmes ? Cette question na pas été posée par la journaliste Madame Proust, et c’est regrettable. Néanmoins, je vais vous soumettre une théorie : Chaque année en France, il y a 350 000 cas de thrombose veineuse dont la moitié sont porteurs de mutation d’hypercoagulabilité. Si ces personnes sont dépistées, la Sécurité Sociale ferait de 2 à 3 milliard d’euros d’économie par an mais les laboratoires pharmaceutiques en perdraient au moins 1 milliard. 700 000 femmes seraient interdites de pilule soit un manque à gagner sur la vente des contraceptifs hormonaux (Pilule, Patch, Implant, DIU hormonal), sur les 350 000 cas de thrombose veineuse, il y a en aurait 175 000 de moins soit un manque à gagner sur les anticoagulants (voir le prix d’une plaquette de xarelto) ainsi que pour les hôpitaux ( taux de remplissage à la baisse). Mr Nisand dit : « La hausse, il l'a vue : « Dans mon service, 10 %. Le plus grave est que ça a essentiellement touché les femmes les moins privilégiées, qui nous disaient : mais pourquoi est-ce que je prendrais une pilule dont j'entends partout qu'elle tue ? » Mr Nisand défenseur du pauvre et de l’opprimé vous y croyez vraiment?

En résumé les pouvoirs publics comme les instances de santé y compris le corps médical préfèrent les INVV (interruption non volontaire de vie) que les IVG. Nous maintenons nos chiffres de décès par contraception hormonale de 500 à 1 500 par an. Et nous soulignons que si le Corps médical informait mieux ses patientes sur les associations médicamenteuses incompatibles avec les Contraceptifs (certains médicaments diminuent l’efficacité des contraceptifs hormonaux ou non), ainsi que sur les modalités d’utilisation de certains contraceptifs hormonaux notamment, le Nombre d’IVG serait certainement revu à la baisse. Pour finir, voici un dernier témoignage sur les bienfaits de la diane 35 si chère à Mr Nisand, que nous avons reçu récemment dans notre association : « Bonjour, je reste volontairement anonyme car n'ayant rien à voir avec la famille. Une jeune fille, amie proche d'un ami, nommée Sophie est décédée récemment (31 juillet 2014) […]. Cette jeune fille ne buvait que rarement, ne fumait que rarement mais prenait la pilule Diane 35. Elle a fait une embolie pulmonaire. Elle avait 20 ans. Un cas de plus à vous signaler » Mr HEDON et Mr NISAND ont encore perdu une bonne occasion de se taire !