A Mr Thierry Beaudet
Président de la MGEN
3 squares Max-Hymans
75748 PARIS cedex 15

Objet : Lettre ouverte à Mr Thierry Beaudet

Saint-Chamond, le 29 novembre 2011

 

 

 

Monsieur le Président, en réaction à votre article publié dans le magazine N°275 de Valeurs Mutualiste je vous écris en tant qu’adhérent de la MGEN, en tant que président de l’association AVEP et en tant que parent qui a perdu sa fille de 17 ans victime d’une embolie pulmonaire massive déclenché par la prise de la pilule contraceptive de la troisième génération dont vous demandez le remboursement.

Vous trouverez toutes les informations concernant notre action sur le site que nous avons créé à l’adresse ci-après:

http://avep-asso.org/

Notre association regroupe des parents de victimes décédées, ou de jeunes femmes qui ont survécu. Nous sommes des parents qui souffrons de la Mort de nos filles mineures ou majeures.

Nous sommes des parents qui souffrons dans l’accompagnement du handicap plus ou moins lourd de leur enfant.

Nous sommes des jeunes filles, des jeunes femmes survivantes avec des séquelles plus ou moins grave qui luttent au quotidien pour surmonter le handicap, résultant pour toutes ces personnes d’une embolie pulmonaire ou d’un AVC en relation avec la prise de la contraception orale.

L’absence totale d’information au grand public sur les risques liés à la prise des contraceptifs oraux nous a déterminés à réagir. Nous souhaitons pour le futur que plus aucune famille ne soit face à un tel drame !

Depuis longtemps je souhaitais vous écrire. Très souvent, je lis dans le magazine des adhérents MGEN l’apologie de la pilule contraceptive et pas un seul mot sur les risques de la pilule (phlébite, embolie pulmonaire,  AVC, cancer pouvant entraîner la punition suprême, la mort).

Je suis scandalisé à tel point que je me demande s’il n’y a pas un conflit d’intérêt dans votre démarche. Cette question, je ne me la pose plus concernant Monsieur Nisand, après lecture du communiqué suivant dans lequel Monsieur Nisand fait une déclaration.

« (Chaque année en France, environ 200 000 Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) sont pratiqués. Ce chiffre stagne malgré l’apparition progressive de nouveaux moyens de contraception, dont les pilules troisième génération en 1984. Mais pour des raisons financières, certaines femmes renoncaient à ces contraceptifs, car aucune de ces pilules n’était remboursée par la Sécurité Sociale. Pourtant, elles représentent environ la moitié des contraceptifs oraux prescrits.

Depuis le 22 janvier, la pilule générique oestro-progestative faiblement dosée (20 µg d’estrogène), Desobel Gé 20 ® est remboursée à hauteur de 65 % par la Sécurité Sociale, ramenant le prix d’une plaquette à 2,90 €. Rappelons qu’une autre pilule 3ème génération est remboursée depuis septembre dernier : Varnoline Continue ®, plus dosée en oestrogène (30 µg).

Pour le Dr Brigitte Letombe, Présidente de la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie  (FNCGM), il s’agit d’un événement majeur qui répond à un fort besoin de santé publique : « Cela fait plus de 20 ans que l’on attendait le remboursement de cette pilule à 20 µg ».

« Il s’agit de savoir si l’on considère la contraception comme un traitement de confort… ou comme faisant partie de la solidarité nationale. Pour ma part, je suis clairement pour cette logique de solidarité nationale » déclare Israël Nisand, professeur de gynécologie obstétrique au CHU de Strasbourg, qui qualifie cette avancée dans le remboursement des contraceptifs de « vrai bénéfice pour les femmes ».

Selon une enquête BVA-Inpes, sur « les Français et la contraception » publiée en mars 2007, « la majorité des personnes en âge de procréer utilise un moyen de contraception. La pilule est le contraceptif le plus utilisé (58 %), devant le préservatif (28 %) et le stérilet (21 %) ».

Ioanna Schimizzi

Sources :

Communiqué du laboratoire Effik – février 2010) »

Je vous écris aujourd’hui car vous soutenez au nom de tous les adhérents sans aucune consultation préalable de ces derniers sur leur avis favorable ou défavorable, une action en faveur de la prescription des pilules contraceptives de 3ème génération, sous le couvert du droit des femmes à disposer librement d’elles-mêmes, alors que l’HAS du 10 octobre 2007 interdit ces pilules en première intention car elles sont 2 fois plus emboligènes et bien plus chères. Vous parlez d’Hippocrate or dans le serment d’Hippocrate il est stipulé « tout d’abord ne nuire en rien » et également d’informer les patients des risques et des dangers car la pilule est avant tout un médicament qui présente des risques comme tout médicament. Aujourd’hui dans vos articles, il n’est nulle part fait mention des risques concernant la prise de ce médicament contraceptif dont vous ventez uniquement les bienfaits en comparant les chiffres des IVG, mais vous ne parlez pas des décès liés à ces mêmes pilules.

Monsieur le Président, vous vous impliquez pour la cause de Monsieur Nisand en faisant le parallèle des risques, pris, par le passé, par les femmes et les médecins par rapport aux normes juridiques et les actions illégales menées par la MGEN.

Pourtant, ce n’est pas vous qui prenez des risques avec les pilules de troisième génération dont vous demandez le remboursement, mais les femmes et surtout les jeunes femmes.

Je trouve votre démarche criminelle car vous faite fi des recommandations de l’HAS. Cette démarche est d’autant plus criminelle qu’en utilisant le nom de la MGEN vous drainez derrière vous la LMDE et tous leurs adhérents alors que je suis persuadé que les responsables de la LMDE ne sont pas informés de tous les tenants et aboutissants de ce sujet.

Le principal argument de votre proposition et celui de monsieur Nisand réside dans l’augmentation ces dernières années du nombre d’IVG chez les mineures environ 3000 (à savoir que le nombre d’IVG en France est d’environ de 220 000). Néanmoins, d’après les dires de monsieur Nisand, il n’y a pas de décès en France à cause des IVG, alors qu’aujourd’hui il y a des décès avérés à cause de la pilule. Au lieu de remplacer un risque par un autre, ne faudrait-il pas mieux renforcer l’information auprès des parents et des enfants en matière de sexualité et de contraception ?

Dans votre article, il est totalement fait abstraction des risques liés à ce type de contraception dont notre site fournit de nombreux exemples et pour lesquels certains d’entre nous sont actuellement en procédure.

Des tests sanguins existent et pourraient être généralisés aussi bien pour les mineures que pour les majeures, permettant ainsi de réduire une partie des risques liés aux problèmes d’hypercoagulabilité sanguine, décuplant les risques d’embolie ou d’AVC.

Nous demandons pour le moins la généralisation de ces tests hématologiques afin de repérer dans un premier temps les jeunes filles et femmes porteuses d’anomalies génétiques qui interdisent la prise de la contraception orale avec oestroprogestatifs. Sur 100 000 cas d’embolie pulmonaire par an 45% des personnes sont porteuses d’anomalies de l’hypercoagulabilité.

La pilule est un médicament, et comme tel, elle doit faire l’objet d’une prescription médicale, après information des avantages ET des inconvénients, et après détermination des contre-indications potentielles par un médecin dont les connaissances doivent être adaptées aux avancées scientifiques qui évoluent rapidement. Une jeune mineure, éventuellement en difficulté de dialogue supposée ou réelle avec sa famille, au point qu’elle n’ose pas avouer à ses parents son souhait de prendre la pilule, n’est donc pas en état de connaître les antécédents génétiques de la famille. Elle est alors en danger en prenant la pilule car en cas d’embolie pulmonaire le pronostic vital est rapidement engagé.

Nous pensons qu’il n’est pas acceptable d’un côté, de reconnaître légalement la responsabilité des parents concernant les agissements de leurs enfants jusqu’à leur majorité et en même temps de leur enlever toute responsabilité sur un choix qui peut avoir des conséquences fatales sur la vie de ces mêmes enfants, notamment en cas d’antécédents familiaux connus ou souvent inconnus contre-indiquant de façon absolue la prise de la pilule.

Nous regrettons la hâte apportée à traiter un dossier d’intérêt général sans que soit vraiment étudié l’avis des tous les acteurs et sans permettre de débats contradictoires. Y-aurait-il d’autres ’intérêts en jeu autres que celui de préserver le capital santé des jeunes filles ? Quelles seront les pilules fournies à ces jeunes filles ? Quelle génération de pilule sera privilégiée et sur quels critères ?

Monsieur le Président, je demande un droit de réponse dans notre magazine en tant qu’adhérent, car depuis trop longtemps la MGEN a pris une position qui fait preuve ni d’objectivité, ni d’équité concernant le débat contradictoire. Je vous informe également que je mets ma lettre en lettre ouverte et j’attends une réponse à ma lettre de votre part.

 

Pierre MARKARIAN
Président de l’AVEP